L’enjeu pour les banques d’aujourd’hui - traditionnelles, en ligne et néo-banques - est de devenir des tech companies, pour offrir des produits qui correspondent aux nouvelles exigences des utilisateurs. Chez Sipios, nous définissons une tech company comme une entreprise qui :
Etre obsédé par la satisfaction client nécessite d’anticiper les parcours de ses utilisateurs et de mettre en place une stratégie omnicanale personnalisée. L’entrée en vigueur de DSP2 - la Directive de Service de Paiement - et l’arrivée de l’Open Banking encouragent l’apparition de nouveaux canaux, puisque d’autres acteurs se branchent sur les API des banques et créent des nouvelles sources d’interactions avec l’utilisateur final. Une stratégie omnicanale ne sera alors plus suffisante pour permettre à une banque d’avoir un service client de qualité.
Au cours des dix dernières années, les banques traditionnelles sont passées d’un modèle de distribution centré sur les agences à un modèle omnicanal :
La nécessité de mettre en place une stratégie omnicanale est connu de tous les acteurs : une étude de Celent de Mars 2019 montre que la mise en place d’une telle stratégie est la priorité pour 88% des banques Américaines en 2019. Elle peut être un élément différenciant pour les banques traditionnelles qui possèdent un réseau d’agences physique et les ressources pour adapter leurs offres aux différents parcours clients. Les néo-banques quant à elles, ont l’avantage de construire leur offre en connaissant l’ensemble des canaux qu’elles veulent exploiter. Elles n’ont pas à gérer de legacy (restructuration des réseaux d'agences, harmonisation de la donnée selon les sources, modification des process du support) pour mettre en place des technologies plus récentes facilitant par exemple le temps réel. Quelque soit le type de banque, une stratégie omnicanale se doit d’éviter certaines erreurs courantes.
Nous avons identifié 3 erreurs courantes dans la mise en place d’une stratégie omnicanale :
Comme évoqué en introduction, la mise en place d’un modèle omnicanal répond à la nécessité de délivrer un service client de qualité. Il ne s’agit pas de vouloir augmenter ses revenus en augmentant le nombre de points de contact avec ses clients, mais de créer l’envie chez ses clients. Par exemple, Bank of America a développé une plateforme de vente de voitures gratuite. L’objectif est de permettre aux acquéreurs d’obtenir des informations sur la valeur réelle du bien qu’il souhaite acheter. Bank of America propose à la fin du parcours utilisateur de souscrire à son offre de prêt, mais celle-ci est optionnelle et n'est proposée qu’une fois le problème du client résolu.
Mettre en place une stratégie omnicanale ne signifie pas digitaliser les parcours clients existants. Jason Bates, le cofondateur de Monzo, Starling et 11:FS, souligne le fait que digitaliser l’ensemble des processus existants de façon à ce que le client puisse retrouver l’ensemble des services sur tous les canaux n’a aucun sens. “Tous les canaux ne se valent pas” : un client ira chercher un certain type de service sur un canal précis, et ne voudra pas le retrouver sur l’ensemble de ses canaux. Ainsi, les millenials utilisent leurs applications pour effectuer les actions les plus simples - consultation du solde, virements - et voient leur conseiller pour des opérations plus complexes - demandes de prêt, placements. Les banques traditionnelles ont ici une longueur d’avance sur les néo-banques, les fintechs et les GAFA par le réseau d’agences existant : en France, 50% des clients souhaitent s’entretenir avec un conseiller bancaire quand ils souscrivent à un prêt.
Actuellement, le principal risque des banques en ligne et des néo-banques est de penser qu’une solution digitale performante suffira à capter et à retenir ses utilisateurs. La fermeture de Denizen, annoncée mi octobre 2019 en est la preuve. La néo-banque Américaine qui offrait une solution bancaire aux expatriés, n’a pas su mettre en place les bons canaux pour trouver sa cible. Celle-ci étant basée à l’international, le seul point de contact était l’application Denizen. Cette dernière n’a pas su convaincre ses utilisateurs. En France, C-Zam, la néo-banque de Carrefour devrait annoncer prochainement la cessation de son activité. La raison avancée est que le personnel des magasins n’est pas formé pour accompagner les clients dans leurs problèmes quotidiens. En voulant offrir une expérience uniquement digital, C-Zam n’a pas su se mettre au niveau des meilleurs, alors qu’elle disposait du réseau de magasins physiques nécessaire.
L’entrée en vigueur de la directive DSP2 en 2019 et l’apparition de l’Open Banking rend obsolète l’idée qu’une stratégie omnicanale suffit à maintenir le niveau de service client nécessaire. Dans les prochaines années, les banques seront connectés à d’autres entités : des fintechs ou des agrégateurs bancaires. Le premier contact avec le client se fera de plus en plus en dehors des murs de la banque. Une étude du BCG estime qu’aujourd’hui en France, deux tiers des ventes faites par une banque de détails commencent par une recherche Google. Maîtriser les canaux internes à la banque ne suffira plus à capter l’ensemble des parcours clients.
Afin d’anticiper ces changements et construire une stratégie qui va au delà des canaux proposés par la banque nous avons relevé quatre points clés
A la fin de l’année 2019, la France comptera 19 néo-banques, qui viennent s’ajouter aux banques traditionnelles et aux banques en ligne déjà existantes. Les GAFA ont déjà fait leur entrée sur le marché américain avec le lancement du partenariat entre Apple et Goldman Sachs. Connecter ses canaux de distribution via le développement d’une stratégie omnicanale ne suffit plus : les banques doivent inclure les parties tierces qui utilisent leurs produits dans leur stratégie afin de comprendre et anticiper les parcours utilisateurs et ainsi offrir un service client de meilleure qualité.